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Moyo (Marc Dethier) à la Galerie Azur
Le Jour – Le Courrier juin 2005

Moyo s’inscrit en faux contre le principe qui dit que la nature n’aime pas le vide. Il est plutôt d’avis que la nature a besoin du vide, d’espace pour pouvoir créer.
Les tableaux de son exposition actuelle sont conçus selon cette interprétation et proposent, de manière générale, des sous-bois assez peu classiques. Cette phase de l’évolution du peintre n’entame en rien son goût pour les couleurs qui  » claquent  » et une pâte généreuse.

C’est la composition qui est différente : succédant à une bande non peinte ou seul le dessin assurait la continuité entre le dessous et le dessus, c’est maintenant la séparation matérielle entre les panneaux de polyptyque qui concrétise l’espace vide à travers lequel s’investit la nature, fréquemment entre des troncs d’arbres qui laissent ainsi filtrer la lumière. C’est là aussi un domaine ou l’artiste poursuit diverses recherches. Sur la toile brute, il esquisse un motif qu’il recouvre ensuite au couteau d’une couche de blanc sur laquelle prendra place l’œuvre définitive dont la luminosité sera ainsi renforcée ; au travers du blanc subsistent par transparence certaines structures de l’esquisse, accroissant de cette manière l’effet de profondeur. Souvent aussi, la composition privilégie une plus grande densité de couleurs au centre de la toile, les bords pouvant aller jusqu’à retrouver le blanc de base.

L’exposition ménage des transitions entre les périodes précédentes et celle-ci, entre l’exubérance de la végétation et le jeu plus ascétique des troncs élancés et espacés, comme si la nature cherchait à s’offrir davantage de calme pour créer, pour mieux goûter aussi un silence habité.


Albert Moxhet